Ce qu’offre la psychanalyse
Référence majeure dans bien des institutions en charge de la santé mentale, quelles que soient les pathologies psychiques concernées, l’âge des patients et même le statut de ces institutions, la psychanalyse permet, pour ce qui a trait à la souffrance psychique et à l’urgence subjective, de maintenir une réponse qui ne soit pas que médicalisée ou sociale.
C’est ainsi que l’École de Psychanalyse des Forums du Champ lacanien en France (EPFCL-France) rejoint Freud dans un de ses vœux institutionnels les plus chers : la création de centres de consultation psychanalytique ouverts au public.
En quoi l’écoute par un consultant orienté par la psychanalyse diffère-t’elle d’un soutien même le mieux intentionné ?
Le psychanalyste, de par sa formation, a fait l’épreuve de la valeur de langage du symptôme, marque de ce savoir inconscient qui traverse tout sujet et dont il s’agit de repérer le singulier de la répétition pour s’en alléger sinon s’en délivrer.
Riche de son expérience centenaire et internationale, riche de sa pratique clinique, riche surtout de son usage singulier de la parole, la psychanalyse peut et sait faire la différence entre l’engagement dans une cure psychanalytique personnelle et l’urgence subjective, sociale, médicale ou familiale, qui laisse un sujet en souffrance.
Diverses expériences d’engagement de la psychanalyse dans le champ du social ont fait leurs preuves.
Une demande d’écoute croissante
La France est l’un des pays où le taux de suicide reste le plus élevé au monde et se situe au 3ème rang en Europe, notamment pour le suicide des personnes âgées et celui des adolescents.
Or les institutions de santé mentale sont de plus en plus en difficulté, les moyens ne correspondant plus à la demande. Pour les jeunes en grande difficulté psychique qui requièrent une consultation, les délais d’attente sont très longs, parfois supérieurs à 6 mois. Les pratiques professionnelles s’en trouvent affectées : l’offre d’écoute s’y réduit dramatiquement, touchant notamment les sujets les plus fragiles.
Les demandes de soins ne cessent de grandir et les moyens de se réduire.
L’urgence se fait particulièrement sentir chez les adolescents à traverser les remaniements de leurs repères identificatoires. L’inappétence scolaire, la violence sous toutes ses formes : auto et / ou hétéro-destructrice (anorexie, dépression, accidents), la fugue, le suicide et l’auto traitement qu’est la toxicomanie prennent aujourd’hui le devant de la scène.
La montée en charge de la violence chez les adolescents et jeunes adultes, en France, est alarmante.
L’adolescence, une période singulière
Au-delà des particularités de ce malaise d’aujourd’hui, l’adolescence est une période sensible où les transformations de la puberté et les modalités de la rencontre avec la sexualité vont dépendre, non d’un déterminisme génétique, mais d’un savoir inconscient, toujours particulier, dont est issu un sujet.
Il n’y a pas d’autre crise de l’adolescence que la mise en acte de ce savoir, véritable appel à l’Autre parental, qui peut bouleverser un entourage dans l’incapacité d’y répondre autrement que par un agir médical, éducatif ou social, alors que l’effet des médicaments comme d’une parole de censure inadaptée peut faire taire l’appel, parfois définitivement.
L’adolescence n’est pas une maladie ni une crise en soi. C’est un âge où la séparation se présente comme une nécessité structurale, séparation d’autant plus difficile pour parents et enfants que le lien a été problématique. L’adolescent doit se repérer sur ce qu’il veut faire des messages reçus. C’est pourquoi il a du mal à formuler ses questions : son « mal être », il l’agit plus qu’il ne peut le dire, ce qui rend difficile l’offre d’écoute.
Il est en marche vers la découverte de son désir mais ce n’est pas son désir qui l’oriente. C’est pour cela que l’appel à l’aide direct n’est pas le plus fréquent à cet âge et prend le plus souvent des voies de détour via un comportement qui peut aller de l’inhibition à l’agitation plus ou moins violente et aux passages à l’acte en passant par des plaintes à expression somatique, des conduites suicidaires (troubles alimentaires : anorexie/boulimie, prises de risques, comportements toxicomaniaques…), voire un suicide.
Tout symptôme est un appel.
C’est souvent dans le parcours éducatif que sont repérés les premiers signaux de détresse. L’échec scolaire n’est jamais le signe d’une déficience mentale innée mais recouvre toujours un malaise tandis que la réussite scolaire même la plus brillante n’est pas non plus la garantie absolue d’un bon état de santé psychique.
Un diagnostic porté trop tôt dans l’enfance, même sous la rubrique contestable « d’hyperactif », laisse des traces indélébiles chez les parents et donc immanquablement chez l’enfant et les autres membres de la fratrie. Au pire un passage par la psychiatrie marque durablement le devenir d’un adolescent.
Par contre, manquer le rendez-vous avec un adolescent au moment de son appel, le laisse ouvert aux mauvaises rencontres si fréquentes à cet âge où les défenses sont en construction, révélant parfois une schizophrénie, une névrose grave…
Les CAP offrent un premier suivi, de durée variable, par un consultant orienté par la psychanalyse, pour effectuer un repérage des difficultés, dénouer un moment de crise et orienter au mieux.
La psychanalyse offre la possibilité de nouer par la parole un lien spécifique qui permette de se retrouver quand les repères vacillent.